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Plusieurs semaines étaient passées. Cela semble facile de dire ça comme ça : vous savez que le temps est passé, vous êtes au moment qui vous intéresse, là où tous bascule, où l'héroïne se réveille, tombe dans les bras de son brave chevalier dont elle est follement amoureuse... si seulement c'était aussi simple que ça.
De un, même si vous êtes arrivés à ce moment précis où tout bascule, et que tout vous semble bien simple (tout fini bien dans le meilleur des mondes), vous ignorez par quoi nos pauvres mages ont dû passer pour s'en sortir...
A quel point Sting et Natsu se lançaient des regards emplis de haine, à chaque fois qu'ils se croisaient dans le QG de Sabertooth. A quel point faire cohabiter Fairy Tail et Sabertooth, alors que l'une pense que l'autre lui a volé une magicienne très douée, est une affaire compliquée. A quel point le réveil de Erza fut touchant, et ses retrouvailles avec Jellal, émouvantes. A quel point le réveil de Lucy devenait urgent...
Eh bien, tout ça, vous n'en saurez rien.
Ou pas grand-chose.
Nous verrons cela plus tard.
De deux, c'est loin d'être aussi simple qu'un conte de fées ! Je dirais bien « et oui, ce n'est pas une histoire, c'est de la vie réelle que je parle », mais, dites-moi, qui, dans la vie réelle, crache du feu quand il s'énerve ? Qui fait pleuvoir quand elle est triste ? Eh bien personne dans la vie réelle. Non, nous ne sommes pas dans la vie réelle... C'est pour cela que nos deux protagonistes mâles peuvent se taper dessus aussi fort sans se tuer. Que Erza peut engouffrer autant de fraisier sans prendre un gramme... ça y est, j'enrage !
Bref, le temps a passé. Erza s'était éveillée après 5 jours d'inconscience, soit 3 jours après l'arrivée de l'armée Fairy Tail dans le QG des tigres. Jellal, à son chevet depuis son arrivée, s'était empressé de faire venir Wendy et d'autres médecins, afin d'être sûr que sa belle mage chevalière allait bien.
Une fois certain que tout était correct niveau constantes vitales, il avait chassé la totalité des personnes présentes dans la petite pièce pour rester seule avec elle. Personne ne sait ce qu'ils ont bien pu faire, mais ne vous imaginez pas des choses salaces trop vite, nous parlons bien de Jellal et Erza !
Heureusement pour nous, dès le départ du médecin et ses explications « inexplicables », Sting avait déplacé Lucy dans sa chambre (non, pas celle de Sting, celle de Lucy, bande de pervers !) pour lui assurer un calme exemplaire. Même la pipelette cracheuse de feu semblait avoir fait v½ux de silence lorsqu'il entrait dans le lieu de repos de la mage, et ce n'était certainement pas par crainte de l'autre Dragon Slayer !
D'ailleurs, en parlant de Lucy, cette dernière était toujours étrangement inconsciente. Les dernières explications du médecin avaient légèrement détendu les mages : elle vivrait et, même si cela mettait du temps, son réveil était assuré.
Mais les deux dragons slayers étaient bien loin du calme parfait. Veiller sa compagne, c'est une chose. Veiller sa compagne devant celui qui a failli devenir son petit-ami à sa propre place, s'en est une autre... Sting parvenait à se tenir, gardant son attention fixée sur Lucy, offrant de magnifiques gestes très polis à son adversaire, lorsque celui-ci lui envoyait des piques. Natsu, lui, s'occupait comme il le pouvait, veillant Lucy quand l'autre devait remplir ses devoirs de mage, l'insultant quand il revenait plus tôt qu'il ne l'aurait espéré.
Ce petit manège dura...
Au début, tout le monde parvenait à se réjouir, le réveil d'Erza les ayant rassurés quant aux dires du médecin. Mais le temps passait, et même si la magie de Lucy revenait dans son corps, ses yeux, eux, restaient clos.
Vous vous souvenez surement de l'attaque des mages noirs non ?
Celle qui a failli mettre fin à cette fiction bien plus tôt que prévu ! Eh bien, c'était il y a trois semaines et quelques.
Trois semaines que les tigres et les fées cohabitent. Erza avait été autorisée à se lever, puis à sortir, et pouvait enfin retourner en mission. Son compagnon l'accompagnait dans chacun de ses déplacements, comme, par exemple, celui d'aujourd'hui. La jeune mage n'en pouvait plus d'attendre, elle culpabilisait de plus en plus et l'absence de réaction de sa sauveuse n'améliorait pas son état. Ressentant le besoin de se défouler, elle avait entrainé avec elle Jellal pour aller massacrer du démon.
Saisissant la première annonce S qu'elle trouva, malgré le désaccord du mage aux cheveux bleus, elle s'élança dans la direction souhaitée. Peu lui importait qu'elle soit encore faible, ou que cela soit une mission réservée aux Tigres.
Elle voulait bouger, elle allait bouger !
Et personne ne serait assez fou pour tenter de l'en empêcher.
Jellal avait bien tenté le fraisier, les petits mots gentils, les conseils, il avait même fait venir le médecin pour qu'il lui explique qu'elle devait se ménager. Le petit homme avait déguerpi quelques minutes plus tard, les menaces de la jeune femme résonnant encore dans sa tête. Non, vraiment, personne ne voulait s'opposer à la belle mage.
Sur la route, pas un mot ne fut prononcé. Quoi que, vu l'allure à laquelle la mage avançait, malgré sa bonne condition physique, Jellal fut trop essoufflé pour prononcer quoi que ce soit. Une fois à destination, ils s'activèrent pour trouver leur cible. Cible qu'ils ne tardèrent pas dénicher, vu sa haute taille... et qui ne tarda pas à regretter. Malgré toute la volonté qu'il mit dans le souhait de devenir aussi petit qu'une fourmi, il resta imposant, exposé à la mage en furie.
Puis son souhait fut exaucé, et il devint plus plat encore qu'un paillasson neuf.
Erza essuya ses armes avec un peu de mousse, puis son regard s'attarda sur un sol de fleurs. Il y en avait de toutes les couleurs, une véritable féérie. La magie du moment la laissa sans voix, si bien que des larmes ne tardèrent pas à s'échapper de ses yeux fatigués. Elle se laissa tomber au sol, bien vite rejointe par son protecteur. Il la serra contre lui et lui murmurant des mots apaisants.
- - Vas-y... tu as le droit de pleurer. Tu n'as besoin d'être toujours la plus forte. Pleurer n'est pas une faiblesse, lui confia le jeune homme en la serrant un peu plus fort. Quand quelqu'un s'écroule, il peut pleurer, son unique échec est d'abandonner.
Et la mage s'écroula. Elle pleura ainsi un moment, laissant l'angoisse, la peur et la douleur s'échapper avec cette eau salée. Elle acceptait. Oui, elle s'en voulait pour la blessure de Lucy. Oui, elle était consciente qu'elle aurait dut être à sa place. Oui, elle savait que Lucy lui avait sauvé la vie, et ne le regrettait probablement pas. Elles étaient vivantes, grâce à Lucy. Elle ignorait si Lucy savait que cela ne la tuerai pas, ou si elle l'avait fait en pensant mourir, mais elle la protégerait.
Elle ramassa, sans un bruit, un gros bouquet de fleurs multicolores. Les nuances semblaient virevolter autour de la jeune mage, lui redonnant vie après tant de temps à errer comme un mort. Son visage s'éclaira. Lucy se relèverait. Elle y veillerait. Et là, Erza pourra la remercier comme il se doit. Elle lui devait la vie, et Erza paie toujours ses dettes.
Quand ils revinrent, elle se rendit au chevet de son amie. Les deux rivaux étaient présents, comme toujours. Elle déposa les fleurs dans un vase, lui dit quelques mots, lui promis de lui venir en aide, par n'importe quel moyen...
Elle s'assit dans le fond et attendit. Personne ne savait ce qu'elle attendait, mais elle attendait.
Sting se leva alors, sorti, mais s'arrêta sur le pas de la porte. Son regard se posa sur le mage de feu et il fut très explicit.
- - On va parler.
Natsu ne le suivi pas par peur, bien sûr que non. Sur le coup, dans sa naïveté, il espéra très sincèrement que le mage de lumière vienne de prendre, par miracle, la décision de lui laisser Lucy, comme on abandonne un objet. Mais Sting ne comptait pas le moins du monde lui abandonner la belle mage. Ils laissèrent la constellationiste aux bons soins de Erza et s'éloignèrent, hors de la guilde, parler. Gênés, aussi bien l'un que l'autre, Sting tenta une « banalité » :
- - Parait que tu l'aime...
- - Ouais... parait que toi aussi, souffla le mage immature, le rouge lui montant aux joues
- - Hum... Tu sais ce que c'est, l'amour, au moins ?
- - Gnnnn... bien sûr que je sais... tu crois quoi ? Je suis pas stupide non plus !
- - Que ressens-tu exactement pour elle ?
Le mage de feu hésita quelques secondes. Ce qu'il ressentait pour elle ? Il se plongea dans ses souvenirs avec elle, et se surpris à parler à c½ur ouvert.
- - Bah... j'ai tout le temps envie de la protéger. Quand elle est loin de moi, ça me rend triste... depuis qu'elle est partie, j'arrive plus à sourire. Je me sens tout le temps coupable, parce qu'elle est partie à cause de moi, qu'elle a pleuré à cause de moi. Elle était tout le temps avec moi, pour me parler de tout et de rien, j'aurai du me rendre compte. Mais je pensais pas à ça, j'ai jamais vraiment pensé à ça. Toute la guilde est ma famille, Lucy en faisant naturellement parti. Je pensais pas qu'elle voulait plus de ma part.
Sting l'écouta, sans se départir de son calme. Il l'appréciait, certes, mais il la décrivait comme une amie proche...
- - Quand j'ai appris qu'elle me pensait avec Lissana, et que c'est ça qui l'avait faite fuir, j'en ai vraiment été très triste. J'ai jamais voulu lui faire de peine... Lissana, c'est ma meilleure amie, elle non plus, je veux pas la blesser ou qu'elle parte. Elle aurait dut venir me demander des explications, j'ai essayé de la suivre ! Mais elle était déjà partie...
Le jeune mage de lumière avait songé au bien de Lucy, et savais qu'après de bonnes explications, elle aurait compris son erreur. Elle se serait excusée d'avoir fui, il se serait excusé de lui avoir involontairement fait de la peine ...
Elle serait heureuse, un temps. Il avait compris dans le discours du rose que ce dernier avait pour elle une très grande affection, mais sans éprouver ce qu'ils appelaient « l'amour ». Il était trop naïf pour en éprouver vraiment, et Lucy finirait par s'en rendre compte. Il avait peur que, après être revenue, avoir été heureuse quelques temps, puis s'être rendue compte qu'elle n'irait jamais plus loin avec Natsu, elle n'ose repartir. Elle avait déjà fui une fois, alors même si elle était consciente d'être malheureuse, il n'était pas sûr qu'elle ose s'affirmer.
Cela sera sa décision, bien entendu... mais il ne laissera pas Lucy entre les mains d'un Natsu aussi immature et naïf. Si elle le choisissait, il aurait une discussion très sérieuse avec ce gamin.
Erza était toujours au chevet de la blonde, seule.
Elle la veillait, comme une mère veillerait son enfant malade, avec tendresse et bienveillance. Une petite voix se fit bientôt entendre, et Erza se redressa, droite comme un piquet, à l'affut. Deux yeux noisette papillonnant faiblement, un soupir, puis un second. Et, enfin, un mot. Un nom...
- Natsu...
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Chapitre 11
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